Jasmine Végas… Happy Happy day!!!

Paris. Ahhhh Paris. Humer l’air de la capitale et parcourir les rues, les petites rues. Paris, c’est la légèreté, l’insouciance recouvrée. Tranquille!!! Rendez-vous dans un café avec Jasmine Végas: Le Café des deux moulins. Près de la fenêtre, regarder les gens… Les touristes se suivent et photographient la façade de l’établissement. Le même angle. La même technique. Ecrire. Relire les notes, les questions… Le téléphone sonne. C’est Jasmine Végas. Trop de bruit. Trop de monde. Changeons de café. Sortir. Se rencontrer et rompre peu à peu la timidité. Jasmine Végas est une artiste qui a de nombreux talents: chanteuse, musicienne, styliste… Elle a travaillé avec CharlElie (sur l’album 109), Jacques Higelin etc etc…

Pousser une porte. S’asseoir. Commander. Verre de Chardonnay. L’interview peut commencer. Se faufiler, se glisser dans l’univers pétillant de la merveilleuse Jasmine Végas… Un accent américain. Un petit grain de folie.  De l’élégance… Rencontre géniale, riche et inoubliable. Merci pour ce joli moment.

Jasmine Vegas... Happy Happy day...Pauline Catherinot : Pour quelles raisons as-tu quitté New-York?

Jasmine Végas: Je fais souvent des changements radicaux. J’ai quitté New York non pas pour arriver à Paris, mais juste pour fuir cette ville, parce qu’il fallait que je fasse autre chose mais je ne savais pas quoi… Aller vers le vide… un vide où il n’y a même pas d’air. En anglais, on dit le vacuum. Tu es aspiré là dedans et c’est un peu le vide. Tu retrouves le renouveau. C’est comme lorsque tu ouvres une cannette, il y a l’air qui rentre et là où il y avait du vide… il y a tout à coup autre chose, quelque chose qui peut prendre la place.

Pauline Catherinot : Que gardes-tu des performances que tu faisais lorsque tu étais à NY? Quel est l’impact de ton métier de styliste sur ta vie d’artiste?

Jasmine Végas: Ce que je dois porter sur scène. C’est visuel la mode. Ce qui m’impressionne dans la mode, c’est que tu ouvres un magazine et tu vois une photo d’une création vestimentaire… ça ouvre des univers et tu n’as pas besoin d’entendre la nana parler. Pour moi, la musique, sur la scène, ça commence avec le visuel. Je suis d’autant plus convaincue que depuis que je travaille dans le burlesque. Il y a cette recherche des costumes, des paillettes. C’était quoi la question?

Pauline Catherinot : Comment s’est passée l’évolution… du Jasmine Band (avec une formation à trois puis à cinq) à Jasmine Végas?

Jasmine Végas: Je suis arrivée à Paris toute seule et puis j’ai rencontré deux musiciens: Steve et…  Après, le groupe s’est agrandi comme tu as bien pigé… Et puis après, je me suis dit qu’il était temps d’aller vers le vacuum.  J’ai arrêté le groupe, puis j’ai redémarré en solo. J’en avais marre d’être avec des musiciens. Ils sont spéciaux les musiciens. Le besoin d’être seule.

Pauline Catherinot : Quelle est ton actualité?

Jasmine Végas: Je vais sortir un album Cocorico et puis… Je ne sais pas si tu connais… je remplace la chanteuse d’un groupe qui s’appelle The Maximum … (je ne sais plus le nom… patience). Nous sommes sept sur scène.  C’est génial un groupe de musique, mais c’est lourd. Et euh… souvent c’est beaucoup de garçons.

Pauline Catherinot :Ton nouvel album Cocorico semble plus léger. Peux-tu nous dire quelques mots sur ce nouvel opus?  [A ce moment là, Jasmine me montre les visuels de l’album qui n’est pas encore sorti –  Un article sera écrit ultérieurement sur son album – Vous pouvez écouter quelques extraits ici: http://soundcloud.com/jasminevegas].

Jasmine Vegas... Happy Happy day...

Jasmine Végas: Onze titres composent l’album. J’ai travaillé mes maquettes sur l’ordinateur – comme pour mon précédent album Time. Tu vois, même par rapport à la pochette, ça donne une idée. Il y a plein de gens qui ne me connaissent pas. Après les gens viennent te voir et découvrent une autre facette de ton personnage, de ton univers. ça résonne chez eux, chez toi…

Pauline Catherinot : Justement, est-ce que l’outil informatique a changé ta façon de faire de la musique?

Jasmine Végas: Oui, cela me permet d’être plus autonome. Je commence toujours mes chansons sur un vrai clavier. Cela me permet de faire plusieurs pistes. J’adore les harmonies…

Pauline Catherinot :Tu joues de plusieurs instruments dont du piano et de l’accordéon…

Jasmine Végas: Avec le piano, je peux faire des choeurs, des harmonies au clavier etc… J’adore l’accordéon, tu peux faire des trucs hyper drôles avec. Je le prends surtout pour faire des choses comme O sole mio, ou encore Frank Sinatra. Mais au bout de deux ans avec l’accordéon, je n’en pouvais plus. Et là, j’ai tout fait sans accordéon. Comme tu le sais, cet instrument sonne « un peu nostalgie »… et donc ça m’a libérée de cette ambiance là.

Pauline Catherinot : Time a été signé avec le label Mon slip, qu’en est-il de Cocorico?

Jasmine Végas: Et pour celui-ci, je suis avec… mon soutien-gorge… (rires)

Pauline Catherinot : Est-ce que nous aurons la chance de te voir sur scène?

Jasmine Végas: Pour la scène, j’ai pensé à solliciter mes amis musiciens. Je suis en train de monter un petit groupe. J’aurais voulu être en formation restreinte, mais on va voir… J’aimerais avoir un groupe avec trois choristes, juste trois nanas…

Pauline Catherinot : Et comment passes-tu de l’album à la scène? Comment réinventes-tu tes chansons?

Jasmine Végas:  Quand tu écoutes Et le soleil avec toute l’orchestration, c’est léger, c’est assez frais, happy etc… En fait, quand je l’ai écrit… avant de trouver les paroles… j’avais trouvé la mélodie juste au piano. Et le piano, c’est hyper mélancolique… tu as envie de pleurer. Tu écoutes ça et tu es dans des souvenirs.  Les premières paroles que j’ai écrites, c’était le passé, le passé, le passé…  Et quand j’ai commencé le travail sur mon piano analogique et que j’ai commencé les orchestrations avec de petits sons électroniques « rigolotes », j’ai trouvé cette thématique d’une nana qui part en vacances. Et donc, pour le traduire sur scène… si je faisais ça au piano – même avec les paroles actuelles – ça redevient un peu plus touchant, -même si je considère que sur l’album c’est déjà assez touchant. C’est mon titre préféré. Toutes les chansons sont très rythmées, c’est presque dansant et ce morceau est le seul où il n’y a pas de batterie. Quand je le fais juste avec la voix, c’est hyper touchant. Et c’est ça que j’aime dans l’idée de ne pas forcément reproduire sur scène ce qu’il y a sur l’album.

Pauline Catherinot : Sur scène, tu apportes une énergie, une fantaisie que l’on retrouve rarement aujourd’hui… Tu as une couleur musicale… Est-ce qu’il est difficile aujourd’hui d’être en dehors de la norme, des normes, d’être un artiste de la marge?

Jasmine Végas: No. C’est très facile. Ce qui est difficile, c’est d’être dans les normes. Je suppose qu’il ne faut pas être dans les normes. Mais en fait, je me considère à peine comme une musicienne. Je me considère comme une semeuse de bonheur. Tu vois, tu as vu le spectacle quand j’étais seule à l’accordéon [j’ai vu Jasmine Végas en première partie d‘Arthur H où elle était extraordinaire – un concert inoubliable!!!] C’était des chansons un peu mélancoliques. J’aime bien aussi l’idée de réinterpréter sur scène autre chose que ce qu’il y a sur l’album.

Pauline Catherinot : Un mélange de folie et de sensibilité…

Jasmine Végas: En fait, c’est plus comme un one woman show comique avec des pauses musicales. C’est plus ça que j’ai envie de faire. J’appelle toujours ça « raconter des conneries », c’est parlé de la vie… Tu connais cette vague de cabaret new burlesque actuellement qui envahit l’europe. J’ai fait partie de ce mouvement, je ne sais pas si tu as vu le film Tournée, je faisais partie de ce spectacle. J’ai adoré, ça m’a remis avec mes racines américaines. Toute cette tradition du vaudeville, du burlesque… avoir le sens de l’humour, prendre les choses à la légère. Savoir faire de l’humour avec du sérieux. Le propos dans le new burlesque, c’est aussi de jouer avec les formes féminines – toujours montrées dans les magazines – c’est ce que j’aime faire aussi avec mes mots. C’est de jouer avec la féminité préconçue. Dans le spectacle, j’arrive et je dis « je suis vôtre guide pour la vaisselle et le lave-vaisselle… ». Pour une femme, c’est ça la féminité. C’est une tache quotidienne. C’est pas toujours gracieux et c’est pas toujours facile.

Pauline Catherinot : Les critiques étaient dithyrambiques pour Time… tu as fait la couverture de Télérama… Comment as-tu travaillé cet album ? [Il y avait notamment la présence de Jacques Higelin sur un titre]

Jasmine Vegas... Happy Happy day...Jasmine Végas: L’album Time je l’avais fait plus ou moins en solo. Il y avait des artistes-musiciens invités pour les enregistrements. Il y avait surtout le réalisateur Mark Dravs un allemand.

Pauline Catherinot : Tu as travaillé avec plusieurs artistes dont CharlElie et Jacques Higelin. Comment ces collaborations sont-elles nées?

Jasmine Végas: C’est le hasard. Les rencontres sont souvent dûes au hasard. On s’est retrouvé mutuellement je crois. Higelin, il est très dada et moi aussi. Toi, tu es un poète, tu es forcément dada. J’adore le dadaïsme. Et CharlElie, je pense que c’était le côté new-yorkais. Comme tu le sais, il est parti. Je suppose que c’est ce qui nous a fait graviter.

Pauline Catherinot : Quels artistes t’ont marquée, influencée? A quel moment, t’es-tu dit wouah? Quel fut ton premier choc artistique?

Jasmine Végas: Premier choc… Il y en a eu plusieurs… C’était des chocs musicaux, c’est à chaque fois que je suis allée voir un concert-live. Quand j’avais 16-17 ans, je suis allée voir Judith Collins, c’était une chanteuse folk, c’était la première vague dans les années 60. Elle chantait des trucs un peu plus sophistiqués. Lorsque je l’ai vue sur scène, j’ai trouvé ça merveilleux. Une personne avec une guitare, ça te transporte. Et sinon, il y a eu Ten years after. C’était une sorte de… Led zeppelin bis. En 1969, mes parents ont déménagé et j’ai étudié pendant une année en Suisse. Et donc, j’allais dans les boîtes de nuit suisses, et ça m’a vachement impressionnée. C’était les années 60. Des ambiances de communauté… avec des gens déchainés. Il y a aussi PJ Harvey. C’est la force de la musique, de la performance. C’est très important d’être en communauté, dans un public.

Pauline Catherinot : La musique permet-elle la liberté?

Jasmine Végas: Je trouve cette liberté en racontant mes conneries. Je ne considère pas que je fais des concerts, je crée des ambiances – un peu dadaïstes.

Pauline Catherinot : Et au quotidien, ça donne quoi?

Jasmine Végas: J’ai un autre boulot. Il y a ce truc qui lorsque tu es dans ta vie normale, c’est pas normal en fait, tu as juste envie de dire mais « allez vous…  » . Quand tu es artiste, tu es dans la réalisation, dans la création. C’est autre chose, une autre vie.

Pauline Catherinot : Tu as participé à l’émission Un incroyable talent? Comment as-tu participé à cette aventure et pourquoi?

Jasmine Végas: Ils ont une rubrique « déjantés ». Ils m’ont appelée au mois de Juillet, j’y suis allée. C’était une pure joie de le faire. C’était une expérience différente de tout ce que j’avais pu faire. Je n’avais pas d’idées préconçues. La production a été hyper cool avec moi.

Pauline Catherinot : Un dernier mot…

Jasmine Végas: Comme tu le sais, je suis également styliste. J’avais envie de montrer l’une de mes créations. Un T-shirt en taille unique, disponible en noir ou blanc avec son « message positive »… porté par Princess Diana herself. Il est à 25 euros, il faut ajouter les frais de livraison). Et puis, j’avais envie de te donner une photo de moi en plumes.

Jasmine Vegas... Happy Happy day...

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