Lettre à …. (1)

Minuit et 37 minutes,

Rue F

Cher ….,

Première lettre. J’ai décidé de te dédier ce premier texte et peut-être tous les autres d’ailleurs.  Bien arrivée. Les voix vives… ça me ramène un an en arrière et peut-être davantage. Le coeur un peu noué dans le train. Le folie ambiante. Les enfants sont fous. Les parents cèdent. Les enfants font des caprices. Les enfants s’emparent du train. Les enfants courent dans la voiture. Les enfants se foutent éperdument du monde. Ce sont des enfants. La folie hurlante. Les gens sont fous. Des claques. Des cris. Une dame, une vieille dame tente de prendre l’ascenseur à Montpellier mais impossible. Trop vieille. Trop lente. La monstruosité du monde. J’ai manqué ma correspondance. Une heure à perdre. Une heure avant de retrouver le sol de Sète. Une Terre Sainte?  Au moment où j’écris, il est tard. Envie de dormir, de m’effondrer, de sombrer. On plie la paupière. On ferme. C’est tout noir à l’intérieur. Mais j’ai promis. J’ai promis avant de partir. A Nicole aussi que je tiendrai un journal et que je vous dirai ce qui se passe ici. Alors je t’écris, je vous écris de la rue F. Dans une chambre presque vide. Un plafond immense. De grandes fenêtres. Des murs blancs et chauds. Je suis installée…un bureau de fortune, j’utilise chaque recoin. Je n’entends pas les chicken d’ici. Ils ne grifferont pas les toits. Pas comme chez S, je ne suis pas assez près des nuages. Je suis arrivée vers 17h30. J’ai foulé le sol et toutes les angoisses ont disparu à cet instant. Chez moi. L’impression que j’étais enfin chez moi. Je suis passée par l’appartement. J’ai croisé un nom connu . Drôle de le trouver ici. Toujours là. Petit ange qui vient se glisser partout. Petit ange ou petit démon. Un esprit malicieux. Tu le connais ce père qui n’était pas un père et pourtant. Un enfant y croyait sur le bord de l’eau. A fêter un anniversaire avec de la bière.

Il y a des bruits dans le couloir, mes colocataires sont arrivés. Des danseurs. Une compagnie entière. C’est incroyable non. J’aime cette idée. De vivre ici. Ensemble et autrement. Des artistes qui bougent, qui s’expriment avec leur corps. Eux savent dire ce mot corps. Moi je ne sais pas. On sonne en bas. Ils ont certainement oublié l’un d’entre eux sur le trottoir. Cruel.

J’ai donc foulé le sol et puis mes pas ont trouvé le chemin. Je me suis assise à une terrasse. Première bière. A se raconter les grandes lignes de l’année. Par où commencer. Parler de l’espagne. Entendre des mots en espagnol. Et ne pas en connaître plus que l’année dernière. Croiser Pierre Tilman, Cédric… Suivre Antoine et Alain. Trouver Marien. découvrir Anne et Nathalie; première rencontre. Parler du festival d’Avignon.

Je suis navrée je cède. Je vais dormir. Mes yeux tombent. Il faut que je dorme et puis j’ai faim. Alors…

Bonne nuit. J’espère que les pierres sont tombées puis se sont relevées. Des bises à la belle famille. Aux chats. Au reptile. Aux grenouilles. Aux étoiles? Aux esprits du lac.

Bien à toi.

P.

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