Le point d’encrage d’Anne-Françoise Kavauvea

 Au 73, rue Marietton (69009 LYON)… il y a… Un nouveau point d’ancrage.L’odeur du bois et des livres. Samedi soir, l’inauguration d’un lieu, une nouvelle librairie a ouvert ses portes. Longer le trottoir à la recherche de ce petit paradis. Une petite affiche sur la porte, ambiance détendue. Quelques bouteilles de vin, des gâteaux, des verres qui se promènent entre les étagères. Je découvre, quant à moi, les trésors… les éditeurs que l’on ne trouve que rarement, les auteurs que j’aime tant. J’ai porté mon dévolu sur les recueils d’Edith Azam et de Fred Griot. J’ai encore la voix et la puissance des mots sous la carcasse. Une belle soirée. trois nouveaux livres. Que dire de plus???

Pauline Catherinot : Qu’est-ce qui a motivé votre décision d’ouvrir une librairie ?

 Anne-Françoise Kavauvea : C’est un rêve d’enfant qui a été ressuscité par une série de rencontres, en particulier celle de Christophe Martinez, un blogueur dont j’admirais les chroniques dans sa Taverne du Doge Loredan. Il m’a entraînée dans ce projet un peu fou, puis sa passion pour la montagne l’a emporté. Un de mes amis, Emmanuel, s’est montré intéressé par le projet – que nous avions déjà bien avancé – et m’a rejointe. La vraie motivation, c’est peu surprenant, est ma passion pour la littérature et ce besoin de vivre parmi les livres, de défendre les textes que j’aime.

Pauline Catherinot :  Pourquoi ce titre : Point d’encrage ? Est-ce une référence à l’intérêt que vous portez aux voyages ?

Anne-Françoise Kavauvea : Avec Christophe, au début, nous avons pensé à créer notre librairie sur un bateau. Cette folie s’est révélée impossible à mener à bien. Mais le point d’encrage vient de là…

Pauline Catherinot : Quelle pourrait être votre définition de la lecture ? Et/ ou Du libraire ?

Anne-Françoise Kavauvea : Je crois que lire est un acte complexe et simple à la fois. Il oblige à une grande disponibilité, pour entrer dans la pensée, les sentiments, la sensualité d’un autre (un inconnu, la plupart du temps). Cela conduit à un échange qui nourrit l’expérience de la vie, qui l’enrichit

Pauline Catherinot :  Que pourriez-vous dire pour donner envie aux gens de s’arrêter et de pousser la porte de votre librairie ?

Anne-Françoise Kavauvea : J’aimerais leur dire que chez nous les attendent des surprises : des textes difficiles à trouver ailleurs, des maisons d’éditions peu visibles habituellement. Je pense aussi que notre librairie est un lieu convivial et plutôt chaleureux. J’aimerais que tout le monde s’y sente bien comme nous… Et puis, on peut lire ici : nous avons un petit salon au calme, avec fauteuil et canapé…

Pauline Catherinot : Quels sont les premiers retours ?

Anne-Françoise Kavauvea : Même si nous sommes loin d’avoir atteint notre vitesse de croisière, les retours semblent bons. Il y a déjà des fidèles (en moins d’un mois, certains sont déjà venus trois, quatre fois, malgré la localisation un peu excentrée de Point d’Encrage). Les gens du quartier commencent à arriver aussi.

Pauline Catherinot : Comment commencez-vous la journée ?

Anne-Françoise Kavauvea : Pour l’instant, j’habite au-dessus de la librairie. J’y descends en général assez tôt, revois ma vitrine (certaines lubies me passent par la tête, j’opère de petits changements). A l’arrivée d’Emmanuel nous nous concertons sur les tâches à accomplir – il y en a de plus ou moins intéressantes (comme la manutention, l’entrée des stocks etc.). Mais l’arrivée des cartons  est toujours un plaisir. Je me réjouis de les ouvrir pour découvrir les nouveautés – ou les vieilleries que je commande parfois. Il m’arrive de devoir étiqueter des livres dont les prix sont encore indiqués en francs.

Pauline Catherinot : Avez-vous pris exemple sur des librairies pour imaginer cet espace ?

Anne-Françoise Kavauvea : J’ai visité de nombreuses librairies, depuis toujours ce sont des lieux qui m’attirent. Il y en a que j’aime beaucoup. Je me souviens de celle, minuscule, où je m’arrêtais presque chaque jour après l’école. Les murs étaient couverts de livres sur une hauteur impressionnante pour moi, il y avait des étagères coulissantes qui cachaient d’autres livres. La libraire ressemblait à Simone de Beauvoir, maintenant que j’y pense. Mes modèles sont nombreux et pourtant je ne m’en suis pas inspirée directement.

Pauline Catherinot : Quelles difficultés avez-vous rencontré lors de la préparation de ce projet ?

Anne-Françoise Kavauvea : Je dirais que les principales difficultés ont été d’ordre administratif. Et puis, au départ, il y a eu cette décision : quitter un emploi sûr, renoncer au salaire qui « tombe » régulièrement en fin de mois. Mais cette gageure est aussi une motivation…

Pauline Catherinot : Quelle est votre plus grande crainte ?

Anne-Françoise Kavauvea : De ne pas toucher un public assez large pour faire vivre la librairie. Ca, c’est un peu égoïste. Mais plus généralement, je crains que le pouvoir économique de certains systèmes de distribution (qui n’ont pas pour intérêt la défense de la littérature mais le profit) fassent du tort aux maisons d ‘édition, que la production littéraire s’uniformise. De très beaux textes ont du mal à être publiés contrairement à d’autres, très vendeurs, qui n’ont aucune qualité littéraire. Mon propos est loin d’être original mais c’est une crainte partagée. Les auteurs, les textes existent. Les éditeurs courageux et doués aussi. Ce qui manque, c’est la visibilité, les médias ne leur accordant aucune importance. Je suis désespérée par le conformisme de la plupart des revues, journaux, émissions radiophoniques ou télévisées.

Pauline Catherinot : Comment choisissez-vous les titres que vous vendez ?

Anne-Françoise Kavauvea : J’ai commencé par choisir les livres que j’aime. Emmanuel le fait aussi pour ses bandes dessinées – il en est passionné. Puis, je suis en contact avec les représentants des diffuseurs (certains font un excellent travail et ont bien compris la ligne que j’ai choisie). Je suis très attentivement les publications de certaines maisons d’édition dont j’apprécie tout particulièrement le travail. Enfin, je suis friande de conseils. Certains de mes amis sont de grands lecteurs, et mes clients aussi me suggèrent parfois des titres, des auteurs, des maisons d’édition que je ne connais pas encore.

Pauline Catherinot :  Quel est le secret d’une bonne vitrine ?

Anne-Françoise Kavauvea : Dans notre vitrine, les livres à la mode sont très peu exposés. Nous privilégions ceux que nous aimons et voudrions faire lire. Mais ce sont toujours des nouveautés. Le choix doit être varié. L’autre jour, un client qui ne connaissait pas du tout la librairie et passait par hasard est tombé en arrêt devant les Lettres de Robert Walser publiées chez Zoé. Il est entré, en a profité pour visiter méticuleusement toutes les étagères, tous les présentoirs, et est ressorti avec d’autres livres – publiés par des maisons d’édition indépendantes.

Pauline Catherinot : Quel endroit, quelle étagère préférez-vous ?

Anne-Françoise Kavauvea : La réponse aurait pu être difficile, mais non. J’aime toutes mes étagères, tous mes présentoirs. J’essaie de donner de la visibilité à ces maisons indépendantes dont le remarquable travail n’est pas toujours suffisamment mis en valeur dans la plupart des librairies. Mais l’endroit qui me tient le plus à cœur est un présentoir que j’ai nommé « Dans la Taverne du Doge » : c’est un hommage à Christophe Martinez, que j’évoquais plus haut. Il s’est tué en montagne cet été et cet endroit de la librairie lui est dédié. J’y ai exposé les livres qu’il défendait sur son blog (ils sont si nombreux que je peux de temps en temps les changer). Mais il y a ceux qui y resteront définitivement, et que je réassortis à chaque vente, comme Jérôme de Jean-Pierre Martinet qui était sans nul doute son livre préféré.

 Pauline Catherinot : La convivialité et le partage semblent être des valeurs que vous défendez…

Anne-Françoise Kavauvea : Créer une librairie n’est pas le meilleur moyen de s’enrichir… Je voulais faire vivre un espace de rencontre, de partage grâce aux livres. Lire n’est pas une activité qui isole, bien au contraire, j’en ai la preuve tous les jours . Les livres ont pour moi été à l’origine de très belles rencontres. Pour la convivialité… J’aime échanger, rire, j’aimerais effectivement que la librairie soit un lieu plein de joie.

Pauline Catherinot : Romain Verger et Fred Griot étaient présents lors de l’inauguration : que pourriez-vous nous dire de ces beaux moments ?

Anne-Françoise Kavauvea : Romain Verger est un ami très cher. Il a décidé de prendre le TGV pour assister à l’inauguration, je lui ai demandé s’il était d’accord pour faire une lecture. Sa présence était importante pour moi : c’est un auteur dont j’aime tous les livres (Grande Ourse, en particulier, est un texte extraordinaire). Fred Griot, je l’avais vu avec Parl# dans le cadre de Banlieues Bleues. Quand il m’a proposé de venir en novembre, en toute amitié (alors que nous ne nous étions jamais parlé avant) j’ai été extrêmement touchée – et impressionnée aussi. Ces moments de lectures m’ont fait oublier que je tenais la librairie, je me suis laissé aller au plaisir du moment. La lecture croisée a été particulièrement émouvante pour moi : en effet, Romain et Fred ne se connaissaient pas et ont organisé tout cela comme une surprise. Je les remercie de ce moment qui m’a enchantée. La fête a duré assez longtemps – les derniers sont partis après une heure du matin (sourire).

Pauline Catherinot : Quels seront les prochains auteurs que vous inviterez ?

Anne-Françoise Kavauvea : Armand Dupuy vient écrire et lire ses textes samedi 1er décembre avec Eric Demelis qui dessinera et peindra.

Pauline Catherinot : Qui aimeriez-vous inviter ?

Anne-Françoise Kavauvea : J’aimerais inviter de nombreux auteurs, romanciers, poètes, traducteurs, éditeurs. J’aimerais recevoir Claude Chambard (bientôt peut-être) ; je rêve de voir Claude Favre (avec Fred Griot peut-être, s’ils sont d’accord). Mon rêve peut-être irréalisable : recevoir Rodrigo Fresan, ou Enrique Vila-Matas. D’autres encore…

Pauline Catherinot : On trouve chez vous de vrais trésors, notamment de petits éditeurs ou des livres qu’il est parfois difficile de trouver… je pense par exemple aux booklegs de maëlström… votre identité semble se dessiner à rebours du commerce…

Anne-Françoise Kavauvea : Pour moi, un livre n’est pas un objet comme les autres. J’ai du mal à adopter une démarche commerciale. Mais tout compte fait, cette attitude est sans doute celle qui fera vivre notre librairie, car les livres que nous vendons le mieux sont ceux-là, ceux qu’on trouve rarement  d’ordinaire. Les éditeurs indépendants nous soutiennent beaucoup, et cet échange est particulièrement enrichissant.

Pauline Catherinot : Comment se décline votre politique d’achat ?

Anne-Françoise Kavauvea : Cette politique est plus guidée par la passion que par la raison, même s’il m’arrive de faire des concessions. Il y a des auteurs (très largement représentés partout) dont on ne trouve pas les livres ici. Je suis extrêmement attachée à l’idée de proposer de beaux et bons textes. Parfois Emmanuel parvient à me convaincre que tout de même, il y a des titres qu’il faudrait avoir.

Pauline Catherinot : Quels titres ou éditeurs pourriez-vous me conseiller ?

Anne-Françoise Kavauvea :Il y a tant d’éditeurs qui font un travail magnifique ! J’ai cependant envie d’en citer quelques-uns : La Dernière Goutte (leur catalogue en littérature étrangère est une pure merveille), Le Sonneur, Passage du Nord Ouest, et ces éditeurs qui publient de la poésie (Tarabuste, L’Attente, Le Bleu du Ciel et bien d’autres…). J’ai aussi de l’admiration pour ces éditeurs militants (je pense à Al Dante ou à Agone). Pour les titres… Là aussi, choix difficile. Mais j’ai été complètement surexcitée quand j’ai su que Le Bleu du Ciel avait réimprimé C’est mon vocabulaire qui m’a fait ça, de Jack Spicer.  L’Immeuble de Mario Capasso est également un texte que j’aimerais défendre (il a été publié à La Dernière Goutte). J’ai été enthousiasmée aussi à la lecture des poèmes de Zbigniew Herbert (Monsieur Cogito, publié par Le Bruit du Temps). Je lis beaucoup de poésie, surtout celle qui s’écrit ou se dit aujourd’hui, la poésie vivante et en action.

Pauline Catherinot : Quel ouvrage aimeriez-vous voir sur l’une des étagères de votre boutique ?

Anne-Françoise Kavauvea :Le numéro 17 de la revue Le Visage Vert, victime d’une mystérieuse disparition. On ne le trouve plus du tout sauf d’occasion. J’aimerais avoir l’intégralité de la collection. Mais je l’ai dans ma bibliothèque privée, et j’en suis assez fière.

Pauline Catherinot : Participerez-vous à des salons ?

Anne-Françoise Kavauvea : Oui, c’est dans nos projets. Nous sommes deux, c’est un moyen de faire connaître la librairie, et donc (c’est le but réel) de mettre en avant les œuvres que nous défendons.

Pauline Catherinot :  Faites-vous partie d’un réseau ?

Anne-Françoise Kavauvea : Pour l’instant, nous ne nous sommes affiliés à aucun réseau. C’est une façon de conserver notre totale indépendance. Mais il y a des collègues libraires avec qui j’aimerais travailler, qui ont sur la librairie un point de vue proche du nôtre. Je suis prête à me rapprocher d’eux.

Pauline Catherinot : Quelles sont vos relations avec les petits éditeurs ?

Anne-Françoise Kavauvea : Elles sont excellentes ! Je crois qu’ils sont touchés que nous les mettions en avant de cette manière, ils n’y sont pas trop habitués. Certains sont devenus des amis… Ils se donnent beaucoup de mal pour nous. Quelques-uns nous ont fait de la publicité. Nous travaillons en étroite collaboration pour que leurs textes soient mieux connus – il faut pour cela que je sois tenue au courant des sorties. Ils se déplacent parfois pour nous apporter leurs livres, c’est drôle. Je voudrais également mettre en avant leur rôle essentiel, en les recevant ici au même titre que les auteurs.

Pauline Catherinot :  Quels éditeurs avez-vous choisi de mettre en avant ?

Anne-Françoise Kavauvea : Je ne les ai pas tous encore à la librairie, je vais de découverte en découverte. Parfois un éditeur me met en relation avec un de ses collègues ; il arrive aussi qu’ayant entendu parler de la librairie, ils se présentent spontanément. Je sélectionne soigneusement ceux avec qui je souhaite travailler. Beaucoup éditent de la poésie contemporaine (je les ai déjà cités partiellement : Le Bleu du Ciel, Tarabuste, L’Attente, Aencrages & Co, Voix d’Encre, Les Doigts dans la Prose,  L’Amourier, Le Grand Os, La Cabane , The Black Herald, Al Dante (et bientôt, Isolato, La rumeur libre etc. – je voudrais m’excuser auprès de ceux que je n’ai pas cités). D’autres ont choisi une voie différente, celle du roman : La Dernière Goutte, les éditions du Sonneur, Passage du Nord-Ouest, Attila, Cambourakis, Cent Pages, Le Vampire Actif, Agone, Le Visage Vert, Dystopia… Certains éditeurs plus connus et mieux distribués ont aussi toute mon attention, m’enthousiasment et me passionnent : je ne vais pas citer le quatuor le plus connu, mais je dois de magnifiques moments de lecture à des maisons comme Corti, Verdier, P.O.L., les éditions de Minuit, Christian Bourgois…

Pauline Catherinot : Quelles animations souhaitez-vous privilégier ?

Anne-Françoise Kavauvea : J’aimerais privilégier les vraies rencontres, celles où les lecteurs ont un véritable contact avec le texte, son auteur, son traducteur, son éditeur. J’aime entendre les auteurs lire leurs textes ; en général je ne les présente que succinctement car, à mon avis, c’est le texte qui parle, pas le libraire qui le propose. Nous organiserons aussi des débats thématiques, en rapport avec l’actualité culturelle ou non (par exemple, je me passionne pour la question de la traduction, pour celle de la littérature d’après Auschwitz, pour le rayonnement de la littérature de langue hispanique, etc etc.). La poésie vivante et en action, voilà aussi ce que je souhaite faire découvrir.. La librairie peut aussi se changer en espace d’exposition ou de création. Nous la voulons un lieu de liberté et de rencontre…

 Pauline Catherinot : Quels seront vos prochains projets ?

Anne-Françoise Kavauvea : La librairie m’occupe assez. Mais j’ai une vie en dehors et des projets personnels qui m’occupent beaucoup également.

Pauline Catherinot :  D’autre part, vous écrivez. Vous avez notamment un blog qui s’ouvre sur une citation de Paul Celan, pourquoi ce choix : « Fais que ton oeil dans la chambre soit une bougie, ton regard une mèche, fais moi être assez aveugle pour l’allumer. » ?

Anne-Françoise Kavauvea : Je ne l’ai pas beaucoup nourri ces derniers temps – le projet m’a pris et me prends encore beaucoup de temps. Mais je regrette de ne pas avoir parlé de certains textes parus cette année. Celan, vous savez pourquoi maintenant. J’ai avec son œuvre une histoire personnelle ; il m’a accompagné à certains moments de mon existence dont je ne parle pas volontiers.

Pauline Catherinot :  Quel est pour vous le secret d’un bon livre ?

Anne-Françoise Kavauvea : S’il y en avait un ! J’aime les livres qui m’obligent à me confronter à moi-même et au monde. Pas forcément des livres difficiles, mais des œuvres exigeantes, qui laissent au lecteur l’espace de se projeter dans un récit ou une réflexion. J’aime les livres qui remuent, qui agitent, qui ne laissent pas en repos. Je ne lis pas pour me détendre, mais peut-être bien pour me tendre (vers les autres, vers le monde, excusez ce très mauvais jeu de mots).

Pauline Catherinot : Que pensez-vous du livre-objet ? Du livre d’art ? Du livre numérique ?

Anne-Françoise Kavauvea : Je crois que l’avenir du livre passe par la sensualité qu’il dégage . Des livres-objets, je ne peux pas encore en proposer beaucoup à Point d’Encrage, mais certains livres publiés dans des quantités assez importantes s’en approchent. Je pense aux titres proposés par les éditions Aencrages & Co (des textes poétiques associés à des encres ou à des lithographies d’artistes qui créent leurs œuvres en réaction au texte). Mon rêve, quand je pourrai : m’offrir un livre d’artiste des éditions Le Grand Os. Je sais déjà lequel…

Des livres d’art, il y en a de plus en plus beaux. La qualité des reproductions est maintenant excellente. Je suis un peu monomaniaque et ai à la librairie pratiquement tous les livres  consacrés à Anselm Kiefer. 

Le livre numérique m’intéresse. La plupart des maison d’édition spécialisées dans le  numérique travaillent avec des libraires, car sans eux leurs titres seraient peu défendus. Mais j’ai personnellement besoin du contact physique avec un livre papier et n’aime pas trop lire sur écran, même s’il existe des liseuses plutôt confortables.

 Pauline Catherinot :  Si vous étiez un livre… ?

Anne-Françoise Kavauvea :Un seul ? Quel choix difficile ! Mais le livre qui ne me quitte jamais est De seuil en seuil de Paul Celan.

 Pauline Catherinot : Si vous étiez un mot… ?

Anne-Françoise Kavauvea : Oh… Là, c’est plus compliqué. J’aimerais être « douceur » mais j’ai encore quelques élans à réprimer.

Pauline Catherinot :  Quels sont les auteurs qui vous ont marqué durant votre enfance (et/ou adolescence) ?

Anne-Françoise Kavauvea : Mes premiers souvenirs sont liés aux albums jeunesse du Père Castor (j’ai appris à lire avec la Poule Rousse, désolée, ce n’est pas très palpitant). Ensuite, j’ai été une inconditionnelle des contes de Grimm (dans une édition que j’ai encore). Mais assez rapidement je suis passée à la littérature pour adultes… J’ai lu beaucoup de littérature en langue allemande – mon père m’a fait découvrir Walser et pendant mon adolescence j’ai lu et relu Les enfants Tanner. J’étais amoureuse de Simon Tanner quand mes amies rêvaient à Travolta.

Pauline Catherinot : Quel est votre livre de chevet ?

Anne-Françoise Kavauvea : J’en change souvent. Mais les livres que j’ai lus le plus souvent sont Les Frères Karamazov, les œuvres de Walter Benjamin, d’Arno Schmidt et de Thomas Bernhard, et la poésie de Celan. En ce moment je lis beaucoup de poésie contemporaine et Ladislav Klima.

Pauline Catherinot :  Quel est l’endroit que vous préférez pour lire?

Anne-Françoise Kavauvea : Je lis partout. Il m’est arrivé de retrouver un livre égaré dans … mon frigo. Ne vous moquez pas. Mais mon lit est l’endroit où je préfère lire ; ou alors, bizarrement, les transports en commun.

Pauline Catherinot : Que peut-on vous souhaiter ?

Anne-Françoise Kavauvea : De continuer à être heureuse parmi les livres et les gens…

Un commentaire Ajoutez le vôtre

  1. ashoma dit :

    Un jour, on le rééditera, ce numéro 17 du Visage vert. Promis… Et bravo pour cet entretien fleuve : il ressemble à la librairie.

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